Mon abandon progressif des monopoles
Par Arnaud Ouvrier, publié le 01/07/2024
Plus le temps passait et plus je me trouvais aspiré par mon téléphone. Je rentrais du travail et je ne trouvais pas grand-chose d'autre à faire que d'aller sur mon téléphone. Les distractions y sont nombreuses, mais les sources de ces distractions le sont moins. La majorité de ces distractions sont fournies par les fameux GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft), ce qui en font des monopoles ou tout du moins des oligopoles.
Dans une optique de retrouver du temps pour moi (et diminuer mon temps d'écran hors travail), de réduire mon impact écologique et de réduire l'influence des GAFAM sur ma vie, j'ai décidé de me détacher de ces distractions le plus possible. Voici un état des lieux de cette transition.
Réseaux sociaux
Je n'ai jamais partagé beaucoup de contenu sur les réseaux sociaux. Par contre, j'étais très consommateur du contenu des autres. C'est aussi la catégorie d'applications où j'ai le mieux réussi à réduire l'utilisation. Après y avoir passé la majorité de mon temps d'écran par jour, je dois maintenant y passer moins d'une heure par mois.
Les réseaux sociaux que j'utilise/utilisais sont les suivants :
- Facebook : compte désactivé (pas possible de le supprimer si je souhaite continuer à utiliser Messenger, voir plus loin).
- Instagram : application supprimée, mais j'ai conservé mon compte. Je ne me suis pas résigné à le supprimer pour l'instant.
- Twitter : cela fait des années que je ne l'utilise plus. J'y passais beaucoup de temps pour lire des contenus peu qualitatifs et qui sortaient peu de ma bulle de réflexion. J'ai créé un compte Mastodon, mais je ne l'utilise pas non plus.
- LinkedIn : le réseau social qui me donne des boutons. Malheureusement, il est utile pour avoir de la visibilité dans mon secteur de travail. Je mets seulement mon CV à jour de temps en temps, mais ne m'y connecte jamais. Je n'utilise pas non plus l'application mobile.
Communication
La communication est une catégorie un peu compliquée. Je ne souhaite pas me couper de mes amis et ma famille. La réduction de son impact consiste majoritairement à laisser mon téléphone en "Ne pas déranger" 24 heures sur 24 : ce n'est plus mon téléphone qui me dicte quand je dois le regarder.
Les applications que j'utilise sont les suivantes :
- Messenger
- Snapchat*
Les alternatives que je tends à préférer quand je peux sont Signal et le SMS, tout simplement. Malheureusement, la plupart des gens avec qui je communique n'utilisent pas Signal et ont oublié l'existence du SMS. C'est pourtant pratique le SMS, même quand il n'y a que très peu de réseau et que la 4G (ou 5G) n'est pas disponible, l'envoi et la réception fonctionnent parfaitement !
*J'ai inclus Snapchat dans cette catégorie et non pas dans les réseaux sociaux, car j'utilise uniquement sa fonctionnalité de chat, textuel ou visuel.
Divertissement
Je n'utilise pas la télévision. Je n'ai même pas réinstaller mon antenne suite aux travaux que j'ai fait chez moi. Maintenant, même les émissions "calmes" sur les chaînes classiques me paraissent trop agressives et les publicités, presque de la torture. Malgré ça mon cerveau a toujours besoin de son shoot de divertissement.
Voici mes principales sources de divertissement numérique :
- Netflix : j'utilise peu et partage mon compte avec ma famille. En alternative j'utilise un serveur Plex.
- YouTube : ma source principale de temps d'écran. Je regarde principalement des chaînes sur la réparation d'équipements informatiques vintage et sur la mécanique automobile. J'ai limité au maximum le nombre de chaînes que je suis en supprimant toute celles qui faisaient passer le divertissement avant le contenu. Sinon parfois je me retrouve à regarder des documentaires Arte (la télé nous suis partout...). Il faudrait que je tente de passer à PeerTube.
- Spotify : fini l'époque où j'emmenais mon iPod partout. Spotify est ma principale source de musique et de podcast. Grâce à cette application, j'ai découvert pas mal de groupes. J'aurais du mal à m'en défaire honnêtement…
Depuis toujours je pirate du contenu, sachant très bien que ce sont les diffuseurs qui prennent la grosse majorité des revenus sur les contenus qu'ils rendent disponible "légalement" et donc que j'impacte peu la rémunération des créateurs. La meilleure manière pour rémunérer efficacement un artiste, c'est de le payer directement. C'est pourquoi, pour rémunérer les artistes et vidéastes, je passe par Patreon ou en achetant du merch, via internet ou en concert pour les musiciens (quand j'ai la possibilité de pouvoir les voir en concert). J'aide aussi certains projets que je trouve intéressants.
Bureautique et informatique
Là où sont aussi très présents les GAFAM, ce sont les sur tous les outils de bureautique et d'informatique. Leurs offres sont alléchante et leur prix paraissent attractifs. La question est surtout : voulons-nous donner aveuglement toutes nos données à d'autres ? Surtout que nous n'avons aucun moyen de vérifier ce qu'ils en font derrière. L'utilisation de ces outils nous enferme aussi dans des écosystèmes techniques restraints et qui nous poussent toujours plus à consommer chez ces mêmes GAFAM...
- Microsoft Windows : l'alternative est simple : Linux. Depuis toujours j'ai utilisé Linux, mais ces dernières années je me suis retrouvé de plus en plus à démarrer mon PC sous Windows. Je me suis repris et j'ai réinstaller Debian sur tous mes PC. Je garde seulement un dualboot Windows pour pouvoir jouer à mes jeux vidéo.
- Microsoft Office 365 : à la place j'utilise la suite LibreOffice. À quoi bon payer des outils qui offrent beaucoup de fonctionnalités, mais qui ont que très peu d'utilité ? LibreOffice fait très bien le travail de Microsoft Office sans avoir à payer d'abonnement.
- Google Drive et Google Photos : ma solution n'est pas l'alternative la plus simple, mais a le mérite de fonctionner. J'ai récupéré un vieux serveur qui a une dizaine d'années. Dessus, je fais tourner une instance Nextcloud et utilise Memories pour la gestion de mes photos. Je retrouve les mêmes fonctionnalités, mais cette fois le cloud n'est pas sur le PC de quelqu'un d'autre. J'ai aussi fais le nettoyage dans mes photos. Google Photos permet d'héberger sans limite ses photos, au fil du temps je m'étais retrouvé avec 17 000 photos. J'en ai plus que 4 000 après tri. J'évite aussi de prendre des photos avec mon téléphone : les souvenirs sont mieux dans la tête.
- GitHub : pour l'instant je n'ai pas d'alternative. Je suis pour l'opensource (en licence totalement libre...) et publier son code sur une plateforme appartenant à Microsoft n'est pas forcément le plus logique. Je ne publie pas beaucoup de code, mais j'aimerais l'héberger ailleurs. Je viens de découvrir Radicle, une plateforme décentralisée de gestion de code. Il va falloir que j'essaie.
- Amazon : ok c'est du shopping, mais je ne savais pas trop où le mettre. Je n'utilise pas leur hébergement Cloud ni leur plateforme de streaming. Mon alternative est simple : est-ce que j'ai vraiment besoin de ce que j'achète sur Amazon ? Non. J'avais quand même un abonnement Amazon Prime…
- DNS : jusqu'à présent j'utilisais 1.1.1.1 de CloudFare. Ça n'est peut-être pas un GAFAM, mais avec les DNS Google ils ont un quasi-monopole sur le traitement de ces requêtes. Je suis passé à DNS0 en upstream sur mon Pi-hole. C'est une infrastructure DNS hébergée en Europe et gérée par une association à but non lucratif française (version sans filtrage : open.dns0.eu).
C'est la partie la plus technique et peut-être la plus compliquée pour se débarrasser des monopoles, surtout quand on n'est pas très expérimenté en informatique. Les GAFAM utilisent justement la simplicité d'utilisation pour attirer toujours plus de consommateurs.
Conclusion
J'ai encore beaucoup de travail à faire pour me couper complètement des monopoles. Les effets de mon travail sont jusque là visibles : j'ai retrouvé du temps. Le simple fait que j'écrive cet article le montre. Je ne l'aurais surement pas écrit si j'étais absorbé par une vidéo YouTube ou sur Instagram.
Je m'efforce à réduire mon temps d'écran (hors travail bien entendu…). Dans l'idéal, j'aimerais rester en dessous des deux heures par jour. Aujourd'hui c'est un peu compliqué même si la part d'utilisation des applications citées ci-dessus est de plus en plus minime.
L'impact écologique est quant à lui mitigé : ne plus dépendre de plateformes payantes à un effet au niveau de ma consommation en général, mais héberger ses données soi-même contrebalance peut-être cet effet. Un serveur consommant 200 W en moyenne consomme-t-il plus que ses alternatives (par utilisateur) chez les GAFAM ? Je ne saurais pas le quantifier.
En tout cas je vais continuer mes efforts. Peut-être qu'un jour je ferais une suite à cet article, si ma progression est visible.